Maison hantée de Shirley Jackson

Maison hantée / Shirley Jackson. -Pocket. – (Terreur). – ISBN 2266055275

Ah voici un livre que Stephen King lui-même considère comme l’un des meilleurs romans fantastiques du XXe siècle et je le rejoins assez tant le livre de Shirley Jackson est bien construit !

Beaucoup de gens le connaisse par la bande si je puis dire, grâce à une de ses adaptations cinématographiques récentes : Hantise de Jan de Bon! (1999) mais je conseille plutôt la version de 1963 de Robert Wise La maison du diable.

Résumé :

Hill House est une immense et lugubre résidence, construite au XIXe siècle par le richissime industriel Hugh Crain. C’est une monstruosité architecturale, née d’un esprit torturé qui la souhaita à son image : labyrinthique, ténébreuse et pleine de lourds et terribles secrets. On la dit hantée, maléfique. Un chercheur fasciné par les phénomènes paranormaux a réuni dans la vieille demeure trois sujets, dont la personnalité lui paraît propre à susciter des manifestations surnaturelles, pour vérifier si Hill House et ses fantômes sont à la hauteur de leur réputation.
Le cauchemar peut commencer…

L’auteur :

Née le 14 décembre 1916 à San Francisco (Californie), morte le 8 août 1965 à Bennington (Vermont). Elle a influencé de grands noms de la littérature fantastique dont Stephen King ou Richard Matheson.

Avis :

Attention, ce livre peut dérouter les amateurs d’action car c’est avant-tout une peur transmise par l’atmosphère que l’on ressent, c’est très psychologique, subtil. Les liens tissés entre les personnages sont bien rendus, surtout entre Théo et Eléanor qui est une médium qui s’ignore. Mais au final, est-ce la maison qui génère le malaise ou est-ce elle qui provoque les évènements ?

Le lecteur, comme les protagonistes de l’histoire perdent pied dès que la demeure agit contre eux, tout est bousculé, les repères s’évanouissent…

Allez voici un aperçu du film de Wise :

Le cas étrange du Docteur Jekyll et de Monsieur Hyde /Robert-Louis Stevenson

Le cas étrange du docteur Jekyll et de Monsieur Hyde / Robert Louis Stevenson. – Gallimard. – (Folio classique). – ISBN 9782070424481

Auteur :

Né à Edimbourg le 13 novembre 1850, il est le fils d’un inspecteur des phares et accompagna très tôt son père dans ses déplacements, son goût pour la mer date de cette époque et emplit largement son oeuvre.

Mais son existence tourna également autour de la tuberculose, bataille qu’il finit par perdre à 44 ans ! Globe-trotter, il voyage aux Etats-Unis ( où il rencontra son épouse), en Océanie et finit par s’installer à Samoa et s’improvisa planteur. Il y mourut le 3 décembre 1894.

Ses romans les plus connus sont bien sûr L’île au trésor (1883) et Dr Jekyll & Mr Hyde (1886)

Résumé :

L’Étrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde raconte l’histoire d’un notaire, Gabriel John Utterson, qui enquête sur le lien étrange entre Edward Hyde et le docteur Henry Jekyll. Le Docteur Jekyll, un philanthrope obsédé par sa double personnalité, met au point une drogue pour séparer son bon côté de son mauvais. C’est ce dernier qui, nuit après nuit, prendra finalement le dessus et le transformera en monstrueux Monsieur Hyde.

Avis :

Le problème avec une oeuvre si connue et si présente dans l’imaginaire collectif (un peu comme Frankenstein ou Dracula) c’est qui si nos référents culturels ne sont que cinématographiques, lorsqu’on lit finalement le roman dont il découle on est parfois surpris !

Ce qui m’a frappé avant tout c’est que bien avant que Freud ne la répande , Stevenson décrit très bien le phénomène de la double personnalité !

Ensuite, c’est d’apprendre qu’il a écrit cette nouvelle en trois jours et quasiment d’un seul et encore sa version originale était paraît-il encore plus effrayante !

Très bien écrit, c’est un récit à l’ambiance noire, froide, presque clinique, dépeignant le jeu des apparences de la société victorienne, l’hypocrisie de celle-ci et l’hermétisme de la médecine de l’époque.

Londres dans la brume, les nuits de pleine lune renforce l’horreur que nous inspire Hyde, sa cruauté, son manque d’humanité (la scène avec la petite fille en est une vibrante image).

Mais le fond de l’ouvrage nous renvoie à nous-même : en chacun de nous, se niche le bien et le mal, quand il est en équilibre, tout va bien mais l’Homme peut si vite basculer !

Souvent adapté au cinéma, pour ma part je suis une inconditionnelle de la version vue par Stephen Frears, Malkovitch joue si bien les deux tableaux qu’on en a le frisson !

Malpertuis / Jean Ray

Bien, parlons un peu d’un auteur belge auteur d’une pièce maîtresse dans le fantastique : Monsieur Jean Ray !

Malpertuis / Jean Ray . – Labor. – (Espace nord). – ISBN 2804009025

Auteur :

Raymond Jean Marie De Kremer est un écrivain belge bilingue, né le 8 juillet 1887 et mort le 17 septembre 1964 à Gand. Il écrit en français sous le pseudonyme Jean Ray et en néerlandais sous le pseudonyme John Flanders. Il s’est essentiellement consacré à la littérature fantastique.

Malpertuis est son seul roman et a surtout produit des nouvelles comme son premier recueil Les contes du whisky et ensuite La croisière des ombres.

Il est aussi connu pour son implication dans la série des Harry Dickson, il n’en est pas le créateur mais il trouve les textes d’origine si médiocres qu’il obtient l’accord de son éditeur pour réécrire les histoires en respectant  les titres et les dessins de couverture des recueils originaux. Sur les 178 fascicules parus, 103 sont de sa plume !

Jusqu’à sa mort, il écrira des nouvelles : Les Cercles de l’épouvante (1943), Le Grand Nocturne (1942), Les Derniers Contes de Canterbury (1963) et La cité de l’indicible peur. La peur ! C’est le moteur central des œuvres de Jean Ray.

Malpertuis a été adapté au cinéma en 1971 par Harry Kümel avec Orson Welles

Résumé :

Malpertuis, maison maudite racontée par 5 personnes différentes, 5 visions dérangeantes de cette batisse et de ce qui s’y passe…

L’oncle Cassave va mourir. C’est un être abject que tout ses proches détestent mais il a la fortune ! Toute sa famille est à son chevet dans la demeure de Malpertuis et il leur dicte ses dernières volontés : que tous s’installent à Malpertuis et que revienne, aux deux derniers survivants, sa fortune. Aucune des personnes présentes ne se doute du drame qui se joue. En douceur d’abord avec les lumières qui s’éteignent et puis l’horreur faite maison.

Avis :

Le style de Jean Ray est très soigné, je pense que le dico sera nécessaire à certains car il use (et abuse) d’un vocabulaire parfois élaboré.  Ambiance très baroque, oppressante, lourde, on se perd dans cette maison jusqu’à la révélation finale. On suit le jeune héros en se demandant s’il ne devient pas fou, on ne parvient pas à comprendre les phénomènes produits par la maison … C’est un récit très étrange, j’ai eu du mal à le lire la première fois quand j’étais adolescente, ce n’est que récemment que je m’y suis replongée et que j’y ai pris plaisir.

On aime ou on déteste, pas de demi-mesure avec Malpertuis.

Le portrait de Dorian Gray / Oscar Wilde

Le portrait de Dorian Gray / Oscar Wilde. – Poche. – 285 p. – ISBN 9782253002888

Auteur :

Oscar Wilde, de son nom complet Oscar Fingal O’Flahertie Wills Wilde, est un écrivain irlandais, né à Dublin en Irlande le 16 octobre 1854 au 21 Westland Row (en), et mort à Paris le 30 novembre 1900 à l’âge de 46 ans.

En 1878, il reçoit le Newdigate Prize pour son poème sur Ravenne. Il en profite pour créer le mouvement de l’Art pour l’art.

Wilde s’installe à Londres en 1879 :  séduisant, raffiné et subtil, il est fêté dans toute l’Angleterre. Il développe rapidement sa théorie de l’esthétisme et donne des conférences sur ce thème aux États-Unis. Il devient rédacteur en chef de The Womans’ World. Il s’installe quelque temps à Paris.

C’est en 1890 que paraît le Portrait de Dorian Gray qui marque le début d’une célébrité littéraire.

En 1891, il rencontre Lord Alfred Douglas de Queensberry, s’en éprend et tous deux mènent une vie débridée en affichant en public leur homosexualité. De cette aventure découle le procès Queensberry. En prison, Wilde n’écrira que sa correspondance et ne pourra, à sa sortie, qu’écrire une seule œuvre, tant cette expérience l’a marqué Ballade de la geôle de Reading.

Ruiné, car ses biens ont été confisqués pour payer le procès, il s’exile en France et c’est le début de la fin, il meurt d’une méningite, âgé de 46 ans !

Heureusement, il nous reste ses poésies, ses pièces de théâtre et ses quelques romans et surtout, ses bons mots.

Résumé :

« Comme c’est triste! Je vais devenir vieux, horrible, effrayant. Mais ce tableau n’aura jamais un jour de plus qu’en cette journée de juin… Si seulement ce pouvait être le contraire! Si c’était moi qui restais jeune, et que le portrait lui vieillit! Pour obtenir cela, pour l’obtenir, je donnerais tout ce que j’ai! Oui, il n’y a rien au monde que je refuserais de donner! Je donnerais mon âme pour l’obtenir!  »

En un paragraphe, tout est dit, voici le point de départ du livre d’un auteur controversé.

Dorian Gray se voit offrir par un ami, Basil Hallward, un portrait de lui-même où il est représenté dans sa pleine jeunesse et beauté. Le temps passant, c’est ce portrait qui portera les marques de l’âge, du temps et des vicissitudes de la vie.

A partir de la première marque visible sur le tableau, une marque de cruauté, causée par sa rupture avec sa fiancée Sybil Vane jusqu’à la fin, Dorian ne veut plus montrer le portrait et le « cadeau empoisonné » que lui fait Lord Henry Wotton va aggraver les choses.

Ce portrait, qui est le reflet de l’âme de Dorian, va empoisonner sa vie, provoquer des rumeurs sur son compte, au fur et à mesure qu’il multiplie les « expériences » et va même provoquer la mort de son concepteur, Basil, effaré par ce qu’il découvre.

Un long plongeon vers la noirceur jusqu’à l’ultime crime…

Avis :

Le portrait de Dorian Gray est avant tout le récit d’une lutte d’influence, celle de Lord Henry sur Dorian. Le roman est une ode à l’individualisme, l’égoïsme et l’hédonisme pur et dur.

« Seul le plaisir mérite qu’on lui consacre une théorie… »

Sans aller aussi loin que son personnage, Wilde est aussi un hédoniste perdu dans une civilisation austère et puritaine et il en paiera le prix lui-aussi. Le refus de l’engagement est un autre thème du roman, aussi bien en amour qu’en amitié : « Les hommes se marient par fatigue, les femmes par curiosité : tous sont déçus » telle est l’adage de Lord Henry.

Le vrai « pervers » de l’histoire c’est Lord Henry, car Dorian n’est pour lui qu’un objet d’étude : « Influencer quelqu’un, c’est lui donner son âme »

C’est un ouvrage étrange, envoûtant, dérangeant, on ne sort pas complètement « vierge » de la lecture du portrait, mais la morale que Wilde a voulu apporter dans son livre est celle-ci  :

« Et la morale, la voici : tout excès aussi bien que toute renonciation amène son propre châtiment. Le peintre, Basil Hallward’ idolâtrant la beauté physique jusqu’à l’excès, ainsi que le font la plupart des peintres, meurt de la main d’une personne en l’âme de laquelle il a fait naître une monstrueuse et absurde vanité »

Morale que je trouve un peu simpliste et fausse dans le sens ou pour moi le seul responsable de tout ce gâchis et qui en plus est le seul à s’en sortir est le cynique Lord Henry.

Ce roman est un roman purement psychologique saupoudré de magie. Une œuvre semée d’études de caractères, une lente plongée en ce que l’individu peut avoir de plus noir …

Au cinéma :

Le cinéma fantastique n’a pas manqué d’adapter ce chef-d’œuvre de Wilde.

Dernière adaptation en date celle d’Oliver Parker en 2009 avec Colin Firth jouant Lord Henry et Ben Barnes Dorian.

 

Quant à moi, c’est parmi les nombreuses versions, celle de 1945 que je connaissais le mieux, avec notamment Angela Lansbury (non, non elle n’est pas que Jessica Fletcher 😉 )