Le portrait du mal /Graham Masterton

Le portrait du mal /Graham Masterton. – Milady. – ISBN 9782811203016

Ahhh et bien il y a quelques mois, j’avais fait la chronique du Portrait de Dorian Gray, voici une variante du concept par le Maître Masterton !

Comment donner sa propre vision du portrait maléfique ? Ce genre de challenge n’a sans doute pas été facile pour lui mais je trouve qu’il s’en est plutôt pas mal sorti même si je l’avoue, ce livre n’est pas mon préféré ; je suis une inconditionnelle de sa saga Manitou.

Sa particularité vient que Graham Masterton ne parle pas de la déchéance d’un seul individu mais de toute une famille : les  Gray. 12 Personnes, originaires du Connecticut, peintes ensemble sur un tableau à la fin du 19e siècle par Walter Waldegrave.

Les hasards de la vie font que ce tableau échoue dans les mains de Vincent Pearson, propriétaire d’une galerie New-Yorkaise. Il lui vient d’un héritage et son arrière grand-père lui a fait jurer de ne jamais le détruire, jamais s’en séparer. Évidemment, il ne se doute pas que le tableau est « connecté » aux Gray et qu’il est aussi lié aux évènements macabres qui se déroulent autour de sa galerie. Et c’est cette confrontation entre lui et surtout Cordelia Gray, femme fatale s’il en est qui fait le charme du livre… Ça et son ambiance malsaine, la demeure labyrinthique, les faux-semblant, les quelques scènes gores dont Masterton a le secret, tout en gardant une petite touche d’humour qui est aussi une marque de fabrique de l’auteur.

Sa galerie Gray en fait des personnages froids, abjects, dénués de scrupules, allant au bout de leurs désirs et s’en donnant les moyens, usant par la même de pratiques barbares (pour les chevronnés de l’horreur pas de soucis mais les âmes sensibles doivent faire attention). Et s’ils ne se font pas prendre, c’est parce qu’ils choisissent bien leurs victimes, sans aucun rapport entre elles… Jusqu’à ce que ….

Bref, un honnête Masterton avec une ambiance bien noire.

Résumé :

Ils étaient prêts aux pires atrocités pour conserver l’éternelle jeunesse. Un portrait de douze personnages au visage en décomposition… La toile est l’oeuvre d’un certain Waldegrave, ami d’Oscar Wilde et passionné d’occultisme, mais elle est sans valeur et plutôt médiocre. Alors pourquoi la mystérieuse Cordelia Gray veut-elle à tout prix s’en emparer ? Quel est le secret du portrait ? Qui sont ces douze personnages ? Vincent Pearson, l’actuel propriétaire du tableau, découvre un lien entre cette oeuvre démoniaque et une série de meurtres particulièrement abominables qui secouent la Nouvelle-Angleterre depuis quelques mois.

L’auteur :

Graham Masterton est un auteur écossais, né le 16 janvier 1946 à Édimbourg. Il est essentiellement connu pour ses romans d’horreur. Après ses débuts dans le journalisme, il se tourne vers la  littérature fantastique et connaît le succès en 1975 avec son premier roman, Manitou, écrit en seulement une semaine et adapté au cinéma avec Tony Curtis dans le rôle principal. Graham Masterton vit aujourd’hui en Irlande, près de Cork, où il continue d’écrire les aventures de Jim Rook, un sympathique mais étrange professeur souvent témoin de phénomènes surnaturels chez ses élèves. Il a également écrit de nombreux manuels sur la sexualité (Comment être un amant parfait ?) :  il était originellement éditeur du magazine pour adulte MayFair et de l’édition britannique de Penthouse.

Le portrait de Dorian Gray / Oscar Wilde

Le portrait de Dorian Gray / Oscar Wilde. – Poche. – 285 p. – ISBN 9782253002888

Auteur :

Oscar Wilde, de son nom complet Oscar Fingal O’Flahertie Wills Wilde, est un écrivain irlandais, né à Dublin en Irlande le 16 octobre 1854 au 21 Westland Row (en), et mort à Paris le 30 novembre 1900 à l’âge de 46 ans.

En 1878, il reçoit le Newdigate Prize pour son poème sur Ravenne. Il en profite pour créer le mouvement de l’Art pour l’art.

Wilde s’installe à Londres en 1879 :  séduisant, raffiné et subtil, il est fêté dans toute l’Angleterre. Il développe rapidement sa théorie de l’esthétisme et donne des conférences sur ce thème aux États-Unis. Il devient rédacteur en chef de The Womans’ World. Il s’installe quelque temps à Paris.

C’est en 1890 que paraît le Portrait de Dorian Gray qui marque le début d’une célébrité littéraire.

En 1891, il rencontre Lord Alfred Douglas de Queensberry, s’en éprend et tous deux mènent une vie débridée en affichant en public leur homosexualité. De cette aventure découle le procès Queensberry. En prison, Wilde n’écrira que sa correspondance et ne pourra, à sa sortie, qu’écrire une seule œuvre, tant cette expérience l’a marqué Ballade de la geôle de Reading.

Ruiné, car ses biens ont été confisqués pour payer le procès, il s’exile en France et c’est le début de la fin, il meurt d’une méningite, âgé de 46 ans !

Heureusement, il nous reste ses poésies, ses pièces de théâtre et ses quelques romans et surtout, ses bons mots.

Résumé :

« Comme c’est triste! Je vais devenir vieux, horrible, effrayant. Mais ce tableau n’aura jamais un jour de plus qu’en cette journée de juin… Si seulement ce pouvait être le contraire! Si c’était moi qui restais jeune, et que le portrait lui vieillit! Pour obtenir cela, pour l’obtenir, je donnerais tout ce que j’ai! Oui, il n’y a rien au monde que je refuserais de donner! Je donnerais mon âme pour l’obtenir!  »

En un paragraphe, tout est dit, voici le point de départ du livre d’un auteur controversé.

Dorian Gray se voit offrir par un ami, Basil Hallward, un portrait de lui-même où il est représenté dans sa pleine jeunesse et beauté. Le temps passant, c’est ce portrait qui portera les marques de l’âge, du temps et des vicissitudes de la vie.

A partir de la première marque visible sur le tableau, une marque de cruauté, causée par sa rupture avec sa fiancée Sybil Vane jusqu’à la fin, Dorian ne veut plus montrer le portrait et le « cadeau empoisonné » que lui fait Lord Henry Wotton va aggraver les choses.

Ce portrait, qui est le reflet de l’âme de Dorian, va empoisonner sa vie, provoquer des rumeurs sur son compte, au fur et à mesure qu’il multiplie les « expériences » et va même provoquer la mort de son concepteur, Basil, effaré par ce qu’il découvre.

Un long plongeon vers la noirceur jusqu’à l’ultime crime…

Avis :

Le portrait de Dorian Gray est avant tout le récit d’une lutte d’influence, celle de Lord Henry sur Dorian. Le roman est une ode à l’individualisme, l’égoïsme et l’hédonisme pur et dur.

« Seul le plaisir mérite qu’on lui consacre une théorie… »

Sans aller aussi loin que son personnage, Wilde est aussi un hédoniste perdu dans une civilisation austère et puritaine et il en paiera le prix lui-aussi. Le refus de l’engagement est un autre thème du roman, aussi bien en amour qu’en amitié : « Les hommes se marient par fatigue, les femmes par curiosité : tous sont déçus » telle est l’adage de Lord Henry.

Le vrai « pervers » de l’histoire c’est Lord Henry, car Dorian n’est pour lui qu’un objet d’étude : « Influencer quelqu’un, c’est lui donner son âme »

C’est un ouvrage étrange, envoûtant, dérangeant, on ne sort pas complètement « vierge » de la lecture du portrait, mais la morale que Wilde a voulu apporter dans son livre est celle-ci  :

« Et la morale, la voici : tout excès aussi bien que toute renonciation amène son propre châtiment. Le peintre, Basil Hallward’ idolâtrant la beauté physique jusqu’à l’excès, ainsi que le font la plupart des peintres, meurt de la main d’une personne en l’âme de laquelle il a fait naître une monstrueuse et absurde vanité »

Morale que je trouve un peu simpliste et fausse dans le sens ou pour moi le seul responsable de tout ce gâchis et qui en plus est le seul à s’en sortir est le cynique Lord Henry.

Ce roman est un roman purement psychologique saupoudré de magie. Une œuvre semée d’études de caractères, une lente plongée en ce que l’individu peut avoir de plus noir …

Au cinéma :

Le cinéma fantastique n’a pas manqué d’adapter ce chef-d’œuvre de Wilde.

Dernière adaptation en date celle d’Oliver Parker en 2009 avec Colin Firth jouant Lord Henry et Ben Barnes Dorian.

 

Quant à moi, c’est parmi les nombreuses versions, celle de 1945 que je connaissais le mieux, avec notamment Angela Lansbury (non, non elle n’est pas que Jessica Fletcher 😉 )